Onibaba (1964)
Réalisateur : Kaneto Shindô
Scénariste : Kaneto Shindô
Acteurs : Nobuko Otowa, Jitsuko Yoshimura, Kei Sato, Jukichi Uno
Musique : Hikaru Hayashi
Synopsis
Dans
un Japon médiéval ravagé par la guerre, la mère et la femme d'un
guerrier attendent son retour du front. Elles survivent en trompant les
soldats qui se perdent dans la région, qu'elles tuent pour ensuite
vendre leurs possessions...
Réalisé par Kaneto Shindô, qui est également scénariste (140 films !).
Le film se déroule vers la fin de l'ère Kamakura (1185-1333). C'est
l'histoire d'une paysanne et de sa belle-fille qui essaient de survivre
comme elles peuvent dans un no man's land pendant une période de
trouble et de famine. De ce fait, la seule manière qu'elles ont pour
survivre est de piller des soldats égarés pour pouvoir vendre leurs
armes en échange de nourriture.
C'est dans ce contexte chaotique, où la morale est remplacée par l'instinct de survie, que nous place le réalisateur.
Ce
film fut une grande surprise pour moi. Je l'avais déjà aperçu plusieurs
fois dans des pubs sur les bonus de dvd japonais, mais je m'y étais
jamais vraiment intéressé.
Jusqu'au jour, où me prit l'envie de le découvrir, séduit par une image tirée du film, celle d'un magnifique démon.
Tout d'abord la musique, du free jazz accompagnée de percussions
africaines, ainsi que la première scène, mettent tout de suite dans le
bain (sanglant) du film. C'est sombre, très sombre, rien à voir avec les jidai geki de l'époque. Kaneto Shindô nous montre un Japon dévasté par des guerres civiles incessantes où l'esprit de chevalerie et les
valeurs morales sont inexistantes. On est ici dans un huis clos
opressant, macabre, où le quotidien rime avec meurtre et pillage.
Quant
aux samouraïs, ils sont montrés comme des brutes arrogantes n'ayant pas
plus de morale que leurs assassins, loin de l'image héroïque qui les
caractérise. Ceci dit, le réalisateur ne juge en aucun cas les actes de
ses personnages, il se limite à nous montrer la condition humaine
confrontée à des extrêmes qui la pousse à transgresser les lois morales
établies.
Tout cela est ajouté à une touche d'érotisme très sensuelle qui peaufine le tout.
La photographie est d'un superbe noir et blanc, et les cadrages sont excellents et bien travaillés.
L'ambiance est opressante et les acteurs jouent impeccablement.
La belle-mère (Nobuko Otowa) est impressionante et très naturelle dans son jeu.
Kei Sato dans un de mes rôles préférés, accompagné de la très belle Jitsuko Yoshimura.
Pour conclure SPOILER La scène où le samouraï portant un masque de démon fait irruption est tout simplement mythique ! FIN DU SPOILER
Bref, un film bien sombre qui inflige un grand coup sur l'éthique humaine. À voir d'urgence.